Crédits : Eriks Esenvalds, interprété par Voces8, extrait du Lux, sur étiquette Decca
Étoiles
Seule dans la nuit
Sur une colline sombre
Les pins autour de moi
Parfumés et immobiles
Et un ciel plein d’étoiles
Au-dessus de ma tête
Blanc et topaze
Avec des embrumes rougeâtres
Myriade avec des cœurs enflammés
qui battent
Une éternité qui jamais ne
Peine ni se fatigue
Là-haut, dans le dôme céleste
Telle une montage magnifique
Je les regarder bouger
Majestueuses et calmes
Et je sais que
Je suis honorée d’être
Le témoin de tant de majesté
Sara Teasdale, extrait du recueil Flame and Shadow (1920)
Cette composition pour chœur et verres accordés est absolument particulière, de par l’écriture du chant choral, la qualité de son poème, ainsi que de par son instrumentation.
La pièce débute avec les sons que font des verres musicaux. Cette technique, le verrillon (ou vérillon) correspond à l’usage d’un instrument de musique qui fait partie de la famille des idiophones frottés. Il est composé de plusieurs verres musicaux, généralement des verres à vin, disposés sur une table, et accordés par remplissage avec différentes quantités d’eau pour produire des notes distinctes. On en joue par friction sur le bord des verres avec des doigts humides ou imprégnés de résine. L’harmonica de verre dérive du verrillon. Les appellations métaphoriques du verrillon – verres musicaux, verres chantants, orgue des anges, séraphin, harpe de verre – évoquent avant tout un instrument à la sonorité limpide, magique, poétique et aérienne.
Le son des verres, en accord ou en frottement avec les voix du chœur, crée un espace sonore céleste, parfaitement évocateur d’une nuit où des étoiles dans les cieux, scintillantes, nous interpellent sur l’immensité de l’espace et de notre place sur notre planète. La pièce est d’un calme cosmique, très mystérieux, presque mystique.
Ēriks Esenvalds est né en 1977, à Priekule, en Lettonie. Fils d’un chauffeur d’ambulance et d’une professeur de musique, il apprend la musique avec sa mère et en autodidacte à la fin de l’ère soviétique. À la réouverture des églises après la fin de l’URSS, il débute puis stoppe rapidement des études de psychologie, puis il étudie au Latvijas Baptistu draudžu savienība (Séminaire de théologie baptiste letton) entre 1995 et 1997 avec l’idée de devenir pasteur. Il entre ensuite à l’Académie lettone de musique où il obtient un Master en composition musicale en 2004 sous la direction de Selga Mence. Il donne des master-classes avec Michael Finnissy, Klaus Huber, Philippe Manoury entre autres.
De 2002 à 2011, il est membre du Choeur national de Lettonie. De 2011 à 2013, il est Fellow Commoner in Creative Arts au Trinity College à Cambridge. Ēriks Ešenvalds a gagné trois fois le grand prix national de musique de Lettonie, en 2005, 2007 et 2015. Il a composé l’hymne officiel des World Choir Games en 2014, lorsque Riga était Capitale européenne de la Culture. Il enseigne au département de composition de l’Académie de musique de Lettonie.
Son album Northern Lights & other choral works a été sélectionné pour le Gramophone Award en 2015 et listé dans la sélection des meilleurs albums 2015 de Ici Radio-Canada Première. Les albums At the Foot of the Sky (2013) et O Salutaris (2011) ont été récompensés du titre de Meilleur album classique de l’année en Lettonie.
Sa musique chorale est tantôt l’expression éthérée de phénomènes arctiques uniques (écoutez les verres à vin dans la pièce Stars, qui produisent un effet simple mais extraordinaire au sein de la texture chorale), tantôt des ballades américaines, tantôt encore des œuvres dans la tradition anglicane, résultat de la récente résidence du compositeur au Trinity College de Cambridge.
La Trinity College Choir Cambridge retourne le compliment avec cette interprétation superlative de ces œuvres variées et engageantes, toutes enregistrées sous l’œil attentif du compositeur et directeur Stephen Layton.
Les dernières créations d’Ēriks Esenvalds incluent Lacs éveillé à l’aube pour l’Orchestre symphonique de Boston et le City of Birmingham Symphony Orchestra, le Murmures sur la Prairie Wind pour l’Utah Symphony et le Salt Lake Vocal Artists, Passion selon Saint Luc pour le chœur de la Radio lettone et Sinfonietta Riga, ainsi que les commissions des BBC Proms, Gewandhaus de Leipzig et Grant Park Music Festival, Chicago. Son opéra grandeur nature L’emmurée a été créé à l’Opéra National de Lettonie en 2016 avec grand succès. En 2018, on vit la création de sa deuxième symphonie multimédia majeure, issue des volcans. Nordic Light, sa première symphonie multimédia sur le phénomène naturel des aurores boréales, a été réalisée aux États-Unis, Canada, et Allemagne et fait l’objet du documentaire Nordic Light : journal intime du compositeur, qui fait suite aux expéditions du compositeur dans l’Arctique.